Qui dit Noël, dit réunion de famille et retrouvailles intergénérationnelles synonymes de beaux moments de convivialité…pour certains ! D’autres toutefois n’échapperont pas à l’occasion de se faire matraquer avec les idées nauséabondes de quelques réactionnaires qui se plaisent à monopoliser la parole en étendant leur « savoir » lors des repas familiaux. Vous le voyez déjà venir : le changement climatique n’existe pas, les végans sont des extrémistes, l’écologie c’est un truc de bobo, il faut abattre les loups,… Parce qu’un simple « ok boomer » ne suffira pas à remettre à leur place ces érudits incompris, voici quelques arguments factuels que vous pourriez leur présenter – dans le calme et la bonne humeur – sur quelques sujets que nous avons sélectionnés.
I. Le changement climatique : parce que chaque famille recèle un climatosceptique
Bien que leur nombre ne cesse de décroître faute d’argument, certains persistent encore à ne pas « croire » au réchauffement climatique ou au moins, à ne pas l’attribuer à l’activité humaine. Que l’humain soit en mesure de détruire la planète ? Impensable pour notre bon vieux réactionnaire qui ne veut rien changer. Que faire face à ces individus pour le moins opiniâtres ?
SOPHISME #1 : « Il est normal que le climat change, cela fait partie des cycles naturels de la Terre ! Puis nous, on n’a rien à voir là-dedans, c’est le Soleil le responsable voyons ! »
Plusieurs facteurs peuvent influencer le climat dont les gaz à effet de serre, l’activité solaire[1],[2] et le volcanisme. Cependant, l’ampleur du réchauffement climatique que nous connaissons aujourd’hui est telle, qu’elle ne peut pas être attribuée aux variations de l’activité solaire. Au vu des connaissances actuelles, ce mythe, bien que tenace, n’a pas le moindre fondement scientifique. Par ailleurs, le 5ème rapport du GIEC (qui, rappelons-le, n’est ni une secte, ni un parti politique, mais une communauté d’experts du climat qui ne font que regrouper les travaux scientifiques les plus récents sur le climat afin d’en tirer des conclusions collectives) a montré que les fluctuations de températures à l’échelle globale ne peuvent être expliquées par des phénomènes naturels que jusqu’aux années 50. Après cette date, seules les activités humaines constituent une explication rationnelle, fondée sur des faits, au réchauffement climatique.
Rappelons-le, les gaz à effet de serre ont pour effet mécanique de réchauffer l’atmosphère. De toute évidence, plus ils s’y accumulent, plus notre climat est chaud. La végétation terrestre (forêts, tourbières…) et océanique (phytoplancton) absorbe le CO2 (gaz à effet de serre) de l’atmosphère, évitant ainsi qu’il n’y ait une trop forte accumulation de celui-ci. Comment obtient-on du pétrole ? A partir de sédiments du phytoplancton. Ainsi, les quantités colossales de dioxyde de carbone absorbées par ces micro-organismes pendant des siècles, sont relâchées subitement dans l’atmosphère, perturbant complètement l’équilibre de celle-ci. D’autre part, nous observons également une déforestation massive, de telle sorte que les forêts tropicales, auparavant considérées comme l’un des poumons de notre planète, ne sont aujourd’hui même plus des puits à carbone et pourraient même en devenir émetteurs. Il en va de même pour nos océans, premiers poumons de la terre, eux aussi menacés par nos activités, notamment agricoles. Encore un doute sur l’impact humain dans le réchauffement climatique ?
Les changements climatiques naturels (comme le dernier âge glaciaire par exemple) d’une telle ampleur nécessitent plusieurs dizaines de milliers d’années à se réaliser. Or ici, l’Homme a réussi à accomplir cette prouesse en à peine un siècle et les concentrations atmosphériques de CO2 sont sans précédent depuis plusieurs millions d’années. Peut-être un lien avec l’envol du capitalisme débridé à l’échelle internationale et ses modes de production exponentiellement destructeurs ? La science en est certaine, ces effets sont trop rapides pour être naturels.
Et pour ceux qui pensent que quelques degrés de plus ou de moins à échelle globale ne signifient pas grand-chose, ils se trompent lourdement. Entre montée des eaux, désoxygénation et acidification des océans, raréfaction de l’eau potable, multiplication de catastrophes naturelles, les conséquences de la hausse de chaque fraction de degré sont d’ores et déjà catastrophiques. Si on ne fait rien, ce sont des millions de personnes qui vont mourir, et dix fois plus qui seront déplacées. La promesse d’une immigration ultra-massive vers les pays du nord dans un contexte d’effondrement. Voilà un argument qui fera peut-être basculer cet oncle raciste (mais pas trop)…
Élément de réponse simplifié à l’oral : Il suffit de comprendre que les cycles naturels se comptent en dizaines de milliers d’années. Nous observons des effets similaires en l’espace de 100 ans. La science est formelle : le changement est trop rapide pour être naturel. Et nous connaissons parfaitement les mécanismes physiques qui en sont la cause : relâcher soudainement du carbone en trop grande quantité dans l’atmosphère. Carbone qui fut capturé pendant des millions d’années dans nos sols, laissant le temps à la nature de s’adapter.
SOPHISME #2 : « Arrêtez de vous faire manipuler avec ce soi-disant réchauffement climatique ! Regardez, il fait froid l’hiver ! »
Rappelons à ces personnes que le climat et la météo constituent deux choses très différentes. La météo s’évalue à court terme (sur plusieurs jours en général) et le climat, quant à lui, se mesure sur plusieurs dizaines d’années. Comme l’a expliqué l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique en réponse au fameux tweet de Donald Trump lorsque les températures avoisinaient les -50°C aux Etats-Unis (« …Qu’est-ce qui se passe avec le réchauffement climatique ? S’il te plaît reviens vite, nous avons besoin de toi ! »), les tempêtes de neige ne sont pas incompatibles avec le réchauffement climatique global qui encourage les phénomènes météorologiques extrêmes. Une journée plus fraîche, voire même une année, ne signifie rien du tout au regard du climat et de ses tendances sur le long terme. Les variations du climat sont évaluées sur plusieurs décennies et montrent bien une augmentation des températures (terrestres et océaniques) à l’échelle planétaire. Mais cela ne signifie pas que tout d’un coup, il va faire 40°C en Bretagne en janvier, la situation est bien plus complexe et ne peut se limiter à de tels raccourcis.
Élément de réponse simplifié à l’oral : Quand une personne souffre d’un cancer en stade avancé, elle peut très bien connaître des jours en pleine santé. Observer les symptômes à court terme ne permet pas d’établir un diagnostic. Pour la « médecine du climat », c’est la même chose. La météo n’est PAS l’étude du climat. Je fais le choix de faire confiance à des personnes spécialisées dans leur domaine.
SOPHISME #3 « Beaucoup de scientifiques s’accordent pour dire que le réchauffement climatique est un mythe. »
Faux. Bien que très médiatisés, ces scientifiques ultra-minoritaires restent des cas à part et leurs propos ne tiennent pas la route quand on s’y penche de plus près (exemple de François Gervais). Par ailleurs il est établi que l’industrie pétrolière finance très lourdement le scepticisme. François Courtillot par exemple, une figure de proue du climato-scepticisme français, avait finalement admis être financé par le géant du pétrole Total. Remettre en cause le changement climatique dans une thèse est l’assurance de toucher le pactole. Heureusement, ils sont infiniment rares à le faire. Il y a bel et bien un consensus écrasant dans la communauté scientifique concernant le réchauffement climatique et son origine anthropique. Ce consensus est au minimum à hauteur de 97 %[1],[2],[3],[4] et ce, depuis le début des années 1990. Le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), quant à lui, particulièrement critiqué par les climatosceptiques pour son soi-disant manque de neutralité, ne fait que des synthèses de travaux scientifiques indépendants des États et des entreprises. Créé en 1988 par l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale), il compile les publications scientifiques les plus récentes de milliers de climatologues pour en faire des rapports complets sur les tendances et les prévisions liées au changement climatique. Le GIEC ne crée donc rien !
Pourquoi la minorité sceptique est-elle surmédiatisée ? C’est une question qu’il faudra poser à nos médias mainstream avides de débats sanglants et d’audimat.
Élément de réponse simplifié à l’oral : 97%. C’est le taux de consensus chez les experts dans leur domaine. On parle de dizaines de milliers de chercheurs spécialisés – qui ne se connaissent pas – qui ont les mêmes conclusions. Il est par ailleurs démontré que l’industrie du pétrole inonde d’argent le 3% restant. Imaginez que vous avez un problème avec votre voiture. Vous allez chez 100 garagistes différents qui vous disent tous que vous avez un pneu crevé, mais vous préférez croire un commercial qui passe dans la rue et vous explique avec force de conviction que c’est la route qui est en mauvais état. C’est peut-être vrai que la route n’est pas bonne, mais vous avez quand même un pneu crevé… La pièce est tombée ?
SOPHISME #4 « Agir pour le climat coûte trop cher. Et encore une fois, on met ça sur le dos des citoyens ! Sans doute pour nous taxer… »
Au vu des répercussions catastrophiques du réchauffement climatique, ne pas agir coûtera encore plus cher sur le long terme. Associé à la crise écologique, on parle tout de même d’un effondrement systémique de notre civilisation… pas d’une petite toux. Il est possible de mettre en place une transition juste, sans que cela n’impacte plus fortement les plus démunis, d’où l’utilité des mobilisations citoyennes. Par contre, dans une logique de décroissance, il va de soi que l’occident va devoir ralentir, donc vivre plus sobrement. Et ceci va se faire tôt ou tard par des restrictions et des sacrifices. Là où le politique peut intervenir, c’est dans le choix d’une distribution juste des efforts. En ce moment, il est vrai que les multinationales sont couvertes sous prétexte qu’elles génèrent de l’activité et les taxes vertes sont donc perçues comme des injustices. Mais se prosterner devant les multinationales, ce n’est pas vraiment une idéologie de « gauchiste » …
II. L’égalité des sexes : parce qu’on a tous cet oncle sexiste à souhait pour qui « ces bonnes femmes devraient arrêter de se plaindre car elles l’ont depuis longtemps leur égalité ! »
Pour fermer le clapet de tonton, rien de mieux que de lui présenter, pour commencer, quelques chiffres officiels sur les violences faites aux femmes :
- – En 2017, 130 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire (pour 21 hommes).
- – Depuis le début de l’année 2019, il y a eu au moins 122 féminicides sur le territoire français.
- – En moyenne, une femme est tuée tous les 3 jours par son compagnon ou ex-compagnon.
- – 87 % des victimes de viols sont des femmes. Chaque année 93 000 femmes déclarent avoir été victimes de viol ou de tentative de viol, 225 000 femmes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles. Et seule 1 plainte sur 10 aboutit à une condamnation pour viol. La grande majorité des violeurs sont ainsi relâchés en toute impunité… On parlait de quoi déjà ? Ah oui, d’égalité.
- – A l’échelle mondiale, selon l’ONU, au moins une femme sur trois a déjà subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur compagnon ou des violences sexuelles de la part d’un autre individu.
Qu’en est-il des salaires ? Les hommes perçoivent en moyenne 23 % de plus en équivalent temps plein. Tous temps de travail confondus, ce chiffre s’élève même à 34,6 %. D’autre part, les femmes sont particulièrement sujettes aux emplois précaires : 85 % des temps partiels sont occupés par la gente féminine. Le risque d’enfantement n’est PAS un motif ou un prétexte pour justifier ces inégalités.
Et pour ce qui est des retraites ? En moyenne, les femmes perçoivent une retraite inférieure de 29 % à celle des hommes à situation égale. Écart qui s’élève à 42 % si l’on prend seulement en compte les pensions de droits directs. La nouvelle réforme des retraites ne va faire qu’accentuer ces inégalités. Les femmes sont donc largement plus victime de la précarité (ce qui ne signifie pas que tous les hommes vivent dans l’opulence, contre-argument réactionnaire visant à jouer sur la victimisation).
Quid du pouvoir ? La présence des femmes dans la sphère politique reste largement minoritaire. Si on prend l’exemple de la France, bien qu’il y ait eu des progrès au niveau de la parité, en 2017, l’Assemblée nationale comprenait 38,7 % de femmes et le Sénat, seulement 32 %. Les plus grandes fortunes mondiales sont également, sans surprise, en très grande majorité, des hommes et cet écart est en train de s’accentuer. De même, la part des femmes à la tête des grandes entreprises est très minoritaire. Bref, le monde est, comme depuis toujours, dirigé par les hommes.
De quel degré d’indécence et de bêtise faut-il faire preuve pour pouvoir encore parler d’égalités quelconques ?
III. « Les loups, ils sont dangereux ! Il faut les éradiquer vite fait bien fait ! »
Scoop aux fans incontestables du petit chaperon rouge : non, les loups ne sont pas des bêtes sanguinaires qui dévorent les grand-mères. Bien que la peur viscérale du loup – source de violences inutiles à l’encontre de celui-ci – fasse partie de notre héritage culturel, il est aujourd’hui plus que temps d’y mettre un terme. Certes, les loups ont fait des victimes chez les humains par le passé mais la rage était le facteur prédominant de ces attaques et non pas la prédation. Jadis, des loups prédateurs se sont attaqués à des enfants certes, mais cela s’explique par le fait parce que ceux-ci avaient un rôle de gardiens du bétail à l’époque, ce qui les plaçait dans une situation à risque. Les attaques envers les adultes ont toujours été très rares. L’Homme n’est pas une proie naturelle du loup et ce dernier a une crainte innée de l’être humain, il n’a absolument aucune raison de l’attaquer. Le nombre d’attaques de loups sur l’être humain est bien inférieur à celui d’autres animaux sauvages, ce qui fait du loup l’une des espèces animales les moins dangereuses au monde. En France, les attaques de loups sur l’humain sont aujourd’hui inexistantes.
Pour ce qui est des attaques sur les troupeaux des éleveurs, on ne le répétera jamais assez : de multiples études scientifiques prouvent que les tirs de loups ne sont en aucun cas une solution à la prédation et en sont même un facteur aggravant. Ces canidés entretiennent des liens sociaux riches et complexes, tuer un membre central de la meute ne fait que déstabiliser celle-ci et peut engendrer de ce fait des problèmes comportementaux et une multiplication des attaques. Voilà pour la science. Ensuite, des moyens de protection existent (chien dressé adéquatement, regroupement nocturne, clôture électrifiée, garde par un berger, collier à ultrasons…) et sont partiellement subventionnés par l’État. Le souci, c’est que les éleveurs doivent payer une partie de ces solutions coûteuses quand « tuer » est plus rapide et facile.
Il reste des progrès à faire à ce niveau certes, mais dans tous les cas, seules les mesures non-létales ont pu témoigner jusqu’ici d’une certaine efficacité : tuer les loups est inutile, dangereux et néfaste pour les éleveurs. D’autre part, le loup est un régulateur naturel de la faune sauvage. Sauf que, les chasseurs tuent ses proies naturelles sous un faux prétexte de régulation. Ne va-t-il pas de soi qu’en ayant moins de gibier, le loup ira s’attaquer aux troupeaux des éleveurs ? Non, l’Homme n’est pas un régulateur de la nature, il ne fait que perturber l’équilibre de celle-ci. Le loup, en revanche, permet de le rétablir, comme le montre l’exemple de Yellowstone où sa réintroduction a permis à rééquilibrer un écosystème entier, allant jusqu’à changer la structure des rivières.
IV. Ce cousin qui mange de la viande 3 fois par jour rien que pour importuner les végans en mode « han j’suis trop intelligent ».
Le thème est tellement vaste qu’on n’abordera ici que les sophismes les plus courant lors d’un repas de famille. On ne va pas vous dire ici que « le véganisme c’est cool » et que vous devriez le devenir, chacun étant libre de sa consommation. Mais cette liberté n’est pas un motif pour perpétuer des rumeurs, sophismes et autre contre-vérités scientifiques.
SOPHISME #1 « Et la carotte, elle souffre pas quand tu la coupes ??? »
Le cri de la carotte, argument fétiche des anti-végans. L’hypothèse de la souffrance des plantes, au sens où on l’entend, reste à ce jour strictement hypothétique. Aucune étude scientifique sérieuse n’a jusque-là permis de le démontrer. S’engager dans ce débat est déjà un cul-de-sac idéologique tant il ne repose sur rien de tangible. Structurellement et biologiquement, le règne végétal est complètement différent du règne animal. Dans une logique d’évolution, la plupart des plantes, des fruits et des fleurs sont même programmées pour être mangées et leur appareil génétique répandu dans l’environnement. À ce titre, il n’a jamais été trouvé de traces de nocicepteurs – qui conduisent à la douleur – dans aucune plante terrestre. Si les plantes peuvent transmettre certaines informations très basiques, dont des micro-flux électriques, on est infiniment loin du modèle organique complexe des mammifères dont l’existence d’un cerveau pour transformer les signaux en douleur ressentie. L’animal possède un système nerveux complexe et manifeste physiquement de la douleur. Non, il n’y a définitivement pas de petit humain hurlant enfermé dans votre feuille de salade. Le croire, c’est faire preuve d’anthropomorphisme pour se donner bonne conscience et continuer de faire souffrir des créatures qui se débattent et agonisent dans leur sang.
D’autre part, en présupposant que les plantes souffrent bel et bien de la même manière que les animaux (souvenez-vous bien du cri agonisant de la dernière pomme que vous avez si sauvagement croquée…), il faut savoir que 2/3 des terres agricoles dans le monde sont consacrées à l’élevage ou à la production d’aliments pour le bétail. Mathématiquement, manger de la viande, c’est sacrifier indirectement bien plus de végétaux que les végétariens/vegans eux-mêmes, tout en privant une grande partie de l’humanité de l’abondance alimentaire dans un contexte de crash écologique prochain. Car si on libérait ces deux tiers de terres disponibles, nous pourrions régler le problème de la faim dans le monde instantanément.
SOPHISME #2 « Et votre soja importé du Brésil, il ne pollue pas peut-être ? »
Qu’en est-il de la déforestation massive que la production de soja engendre au Brésil ? La faute des végans, vraiment ? En réalité, seul un très faible pourcentage de ce soja finit dans la consommation humaine directe. En France par exemple, 90 % de la consommation du soja est destinée à nourrir le bétail. Et oui, la déforestation au Brésil dans le but de planter du soja à tout va est quasi-entièrement imputable à la production massive de la viande dont se nourrissent les occidentaux. En Europe, la plupart des aliments à base de soja, destinés directement à la consommation humaine, sont fabriqués avec du soja produit localement. Puis, qu’on soit bien clairs, les végétariens/vegans ne mangent pas que du soja. C’est même une toute petite part de leur alimentation. La viande et les autres produits animaux peuvent aisément être remplacés par des céréales et des légumineuses.
Par ailleurs, l’industrie de la viande a distillé la rumeur que le tourteau de soja donné au bétail ne serait qu’un sous-produit de l’industrie du soja. En d’autres termes, laisser penser que les agriculteurs ne sauraient pas quoi faire de ce « déchet » qui serait réutilisé pour nourrir le bétail, le cœur sur la main… C’est évidemment un mensonge éhonté colporté notamment chez les jeunes par des influenceurs réactionnaires comme Le Raptor Dissident. En réalité, c’est exactement l’inverse. L’étude du marché démontre que la rentabilité pour les agriculteurs repose sur la production du tourteau avant tout. Les sous produits de ce tourteau, comme l’huile de soja, inondent déjà le marché avec peu de débouchés. Par ailleurs, le soja destiné à l’alimentation humaine en France, pour faire du tofu par exemple, est majoritairement produit en Europe, sans OGM, en très petite quantité. Le soja pour nos bovins vient quant à lui du Brésil avec une empreinte écologique conséquente.
SOPHISME #3 « Et ta santé alors ? Tu dois être complètement carencé ! De toute façon, pour être un homme, il faut manger de la viande ! »
Ah, la carte de la virilité… Lorsqu’on parle de régime végétarien/végétalien, la question des carences revient assez régulièrement. Pour ce qui est du fer, il n’y a pas plus de risque pour les végétariens que pour les non-végétariens si l’alimentation est équilibrée[1],[2],[3] (incluant légumineuses, fruits secs, céréales, légumes verts…). Concernant le débat fer héminique (viandes et poissons)/non-héminique (végétaux et produits laitiers), il n’a pas lieu d’être car on sait aujourd’hui l’absorption du fer par l’organisme dépend de nombreuses variables incluant la composition du repas. Par exemple, les aliments contenant des phytates et des polyphénols tels que le café, le thé, les graines ou les noix inhibent l’assimilation du fer non héminique par l’organisme. À l’inverse, les aliments riches en vitamine C améliorent cette assimilation et réduisent la quantité d’inhibiteurs dans l’organisme. Il est assez amusant de voir à quel point certains s’inquiètent soudainement de la santé des végans quand une crise sanitaire majeure traverse la population occidentale, notamment en raison de la consommation excessive de viande et de sucre…
Pour la vitamine B12, c’est le seul RISQUE (éventuel) de carence. Il est conseillé pour un régime 100% végan d’ingérer des compléments, plus particulièrement en cas de régime végétalien. Cependant, la B12 présente dans votre viande ne tombe pas du ciel non plus. Il faut bien comprendre que les animaux des élevages sont très souvent eux-mêmes supplémentés en B12. Vaut-il donc mieux se supplémenter soi-même ou manger un animal supplémenté ? Par ailleurs, la prise de B12 n’est pas forcément chimique. On parle d’une simple vitamine synthétisée un certain type de bactéries, présentes notamment dans les sols (de plus en plus pollués, précisons-le). Par le passé, on pouvait la trouver naturellement sur certains végétaux mais les mesures d’hygiène modernes (pesticides, nettoyage, désinfection etc.) font que l’alimentation végétale ne contient plus ce type de bactérie (que l’on retrouve toutefois naturellement dans notre flore intestinale). On pourrait éventuellement supposer que l’alimentation industrielle, ultra-transformée et les antibiotiques à foison perturbent gravement notre microbiote et plus globalement, l’équilibre naturel de notre corps. Quoi qu’il en soit, qu’on soit omnivore, végétarien ou végétalien, de nos jours, il existe de nombreux aliments enrichis en vitamine B12. Il n’est donc pas nécessairement question de se supplémenter en cachets !
Et les protéines ? Ah ces fameuses protéines ! Et bien il faut savoir que le mythe des protéines animales mille fois supérieures aux protéines végétales reste… un mythe. Dans les faits, la différence est négligeable. Les besoins en protéines des végétariens/végétaliens peuvent facilement être satisfaits en ayant un repas varié et équilibré (en associant par exemple les légumineuses aux céréales). La digestibilité quant à elle, est quasi-similaire pour les deux types de protéines (bien que légèrement supérieure pour les produits animaux). Qui plus est, une consommation excessive de protéines animales présente un risque sanitaire bien réel et peut être la cause de maladies chroniques variées (ex : pathologies cardiovasculaires). À ce titre, de nombreux bodybuildeurs prennent aujourd’hui des protéines de soja et ne souffrent d’aucun retard sur leur entraînement.
Plus globalement, en comparaison des non-végétariens, les végétariens ont des taux de cholestérol, une pression sanguine et un IMC plus bas. Les omnivores, quant à eux, ont un plus fort risque de mortalité liée aux maladies cardiovasculaires. De même, l’alimentation végétarienne réduit le risque de pathologies telles que l’hypertension, le diabète ainsi que certains cancers. Le régime végétalien, quant à lui, en dépit des plus faibles apports en vitamine B12 et en oméga-3, réduirait encore plus le risque d’obésité, d’hypertension, de diabète de type 2 et de mortalité liée aux pathologies cardiovasculaires. En dépit de ces nombreuses études, le mythe du « végan malade et faible » continue d’être colporté par des faiseurs d’opinion.
Précisons-le, personne ne dit ici que l’être humain n’est pas fait pour manger de la viande et qu’il faut arrêter du tout au tout. C’est à chacun de le décider. Cependant, les mensonges à ce sujet sont devenus intolérables. Par ailleurs, il est urgent de réduire drastiquement cette consommation massive qui met gravement en péril notre santé celle de tous les êtres vivants de cette planète, contribuant grandement à la destruction de cette dernière (déforestation, changement climatique,..). Réduire notre consommation de viande permettrait mathématiquement de libérer des terres disponibles pour nourrir une population mondiale en pleine expansion.
V. « Ça ne va pas si mal, la Terre s’en remettra ! L’humanité a toujours survécu, elle survivra encore, on trouvera les solutions… »
Oui, la Terre s’est remise des précédentes extinctions de masse mais celles-ci étaient des phénomènes naturels, ce qui n’est pas le cas actuellement. Nous vivons en réalité la première extinction de masse d’origine artificielle. Ce qui se passe aujourd’hui est une destruction accélérée de notre monde initiée et perpétrée par l’être humain et son modèle économique. Bien entendu, les personnes qui portent un regard si insensible à ce qui est en train de se passer sont celles qui n’en subissent pas encore les conséquences et qui n’auront probablement pas à les subir au cours de leur vie. Facile d’adopter ce raisonnement dans de telles circonstances. « Après moi le déluge » : une expression qui traduit cette indifférence révoltante aux inqualifiables souffrances vécues en ce moment-même par de nombreux êtres vivants, sans compter celles à venir. Pire encore, alors que beaucoup d’individus vivant dans les pays occidentaux sont eux-mêmes enfants de l’immigration, il est important de faire remarquer l’émergence de « l’éco-fascisme ». Concept qui fait froid dans le dos, il s’oppose formellement aux réfugiés climatiques, leur idée totalitaire étant de réduire par la force la population terrestre dans le but de « sauver notre espèce » (mais surtout notre mode de consommation!). À quel point faut-il manquer d’humanité pour en arriver à vouloir souhaiter la mort de millions de personnes ?
Revoir la liste des sophismes courants
Et pour aller plus loin, pourquoi ne pas en profiter pour revoir la liste des sophismes les plus couramment utilisés lors d’un débat ? Non seulement vous pourrez les détecter mais également vous en prémunir dans votre propre argumentation. La liste complète est à télécharger ici.
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