Amis des mots, aujourd’hui, nous parlons d’un petit signe bizarroïde. Tous les Français le connaissent, et pourtant bien peu d’entre eux connaissent son nom. C’est ce signe typographique étrange qui ressemble le plus souvent à un 8 mal bigorné mais parfois aussi à une sorte de magnifique E majuscule dessiné à la plume Sergent-Major, avec des tas de pleins et de déliés – cette dernière formule représentant la version italique de la chose. Le nom de ce petit machin atypique est "esperluette" - ou éperluette, ou perluète, avec "ette" à la fin ou bien "ète". On l’appelle aussi, moins poétiquement, le "et commercial". enseignes commerciales "Menuiseries Machin & Cie", "Charcuterie Jojo & fils", ou bien certaines marques s’en emparent pour donner un peu d’originalité à leur logo. C’est le cas de la marque de prêt-à-porter Dolce & Gabbana, par exemple, ou de Rougié & Plé, magasin de loisirs décoratifs, et c’est ce qui explique cette appellation pas très sexy de "et commercial".
Eh oui, tous ces noms pour ce tout petit signe ! Et toutes ces orthographes (sans compter qu’en écrivant à la main la plupart des gens ne le représentent pas des deux façons que j’ai décrites mais par une sorte de signe alpha grec). On peut se demander d’où l’esperluette tient ce nom si joli, entre "espérance" et "escarpolette". Voici ce qu’on trouve dans le Larousse : "Esperluette : nom féminin. Origine obscure". Donc en plus, l’esperluette est mystérieuse. Pas tellement mieux pour le Robert, qui écrit qu’elle vient "peut-être du latin perna 'perle' et sphaerula 'sphere'". Je n’y crois pas tellement…
Un signe visuel plus que littéraire
En tout cas, l’esperluette se lit "et". Elle représente la conjonction de coordination "et", mais elle ne s’utilise pas dans les textes littéraires ou les journaux. Aujourd’hui, on la voit surtout sur les enseignes commerciales "Menuiseries Machin & Cie", "Charcuterie Jojo & fils", ou bien certaines marques s’en emparent pour donner un peu d’originalité à leur logo. C’est le cas de la marque de prêt-à-porter Dolce & Gabbana, par exemple, ou de Rougié & Plé, magasin de loisirs décoratifs, et c’est ce qui explique cette appellation pas très sexy de "et commercial".
Un petit signe très ancien
L’esperluette remonte au Moyen Age, avant l’invention de l’imprimerie. Elle est en réalité la fusion des lettres E et T, imaginée par des moines copistes pour gagner du temps en écrivant et de l’espace dans les manuscrits, à une époque où les supports d’écriture coûtaient très cher.
Et figurez-vous que, jusqu’au XIXe siècle, l’esperluette était considérée comme la 27e et dernière lettre de notre alphabet ! Selon le Dictionnaire de Pierre Larousse de 1878, ce caractère se nommait alors "ète", tout court. Oui, encore une appellation ! "L’usage s’était établi, raconte le dictionnaire, quand on faisait répéter l’alphabet aux enfants, de leur faire ajouter 'perluète' après 'ète', par une sorte de jeu et pour terminer par une rime plaisante". Et donc on serait passé de "ète-perluète" à "esperluette…" Une étymologie de plus !
Il y a encore d’autres tentatives d’explication. Celle-ci, par exemple : en occitan, "es per lou et" signifie "c’est pour le et". Je serais assez tentée de croire à cette version. Enfin, vous avez compris, tout cela n’est que du conditionnel, des conjectures… la petite esperluette garde une partie de son mystère, et c’est très joli comme ça.
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