samedi 23 décembre 2017

Récupération de corps à 8.300 mètres

Une histoire un peu macabre, mais extraordinaire à plus d'un titre, vue sur le site du New York Times.

Un groupe de 4 personnes de nationalité indienne, une femme et 3 hommes, après avoir économisé pendant 10 à 15 ans, se lancent à l'assaut du Mont Everest.

C'est leur rêve depuis de nombreuses années, ils ont tout sacrifié pour ça. Ils engagent 4 guides sherpas et commencent la longue préparation, l'acclimatation à l'altitude, et la lente progression vers le camp de base (5.380 mètres), puis les camps successifs, 1, 2, 3 et enfin le camp 4 à près de 8.000 mètres, dernier camp avant l'assaut final jusqu'au sommet. 900 mètres de dénivelé qui se grimpent normalement en 10 à 12 heures, et se redescendent en 6 heures.

Bien qu'ils soient de bons grimpeurs, ils n'ont pas tout à fait le niveau requis. De plus, ils partent un peu tard du camp 4, avec le risque d'être au sommet et dans la descente dans l'après-midi, là où les conditions météo se dégradent généralement.

Voilà les dernières photos prises par les 4 grimpeurs lors de leurs dernières heures :
Photo prise au niveau du balcon à 8.400 mètres d'altitude : 
Dernière photo du groupe, prise par un autre groupe en train de redescendre :
Peu de temps après la photo ci-dessus, les sherpas annoncent à leurs clients que ce n'est pas possible, qu'ils ne pourront pas atteindre le sommet, il est trop tard dans la journée, il faut faire demi-tour.

Pour les 4 grimpeurs, c'est une catastrophe, car la mousson se profile à l'horizon ce qui signifie la fin de la saison des ascensions. Aucune autre tentative n'est envisageable cette année.

Les sherpas font demi tour, pensant que leurs clients vont les suivre, mais ceux-ci décident de continuer sans leurs guides. Epuisés mais déterminés, ils évoluent séparément, deux en tête, les deux autres ayant du mal à suivre. Les deux premiers atteignent le sommet à 13:45 selon les photos retrouvées sur le corps de l'un d'eux.

Le troisième se prendra en photo au niveau de ce qu'on appelle le "sommet sud", 100 mètres sous le sommet, sans qu'on sache s'il est allé au bout.

La femme, seule survivante, racontera qu'elle a atteint le sommet, mais en l'absence de preuve, l'ascension ne sera pas validée.

Elle redescendra jusqu'au camp 4 avec un autre des membres du groupe, qui décèdera au camp 4, les deux autres mourront sur le chemin du retour à un altitude de l'ordre de 8.300 mètres.

Au prix de terribles efforts et de grandes souffrances (doigts gelés), la survivante arrivera jusqu'au camp 2, où elle sera évacuée par hélicoptère.

Jusqu'ici, c'est une histoire à peu près classique quand il s'agit du Mont Everest. Il faut savoir qu'il y a de l'ordre de 5.000 personnes qui ont gravi le Mont Everest, que 300 personnes y ont laissé la vie, et que 200 corps jonchent toujours les pentes de cette montagne.

Là où l'histoire devient extraordinaire, c'est que l'épouse d'un des membres va décider de ramener les corps, et cela pour trois raisons :

  • une raison émotionnelle d'abord, il lui était insupportable d'imaginer le corps de son mari exposé aux vents et au froidé, et régulièrement enjambé par de nombreux grimpeurs en route vers le sommet
  • une raison religieuse ensuite : dans la religion Indu, le corps n'est qu'un vaisseau temporaire pour l'âme, et il ne peut se réincarner dans un autre corps qu'après avoir été incinéré
  • une raison financière enfin, en l'absence de corps le grimpeur n'était pas considéré comme mort mais comme disparu, ce qui allait bloquer sa succession (retraite, assurance vie...)

Il lui fallut un an pour regrouper les fonds nécessaires et recruter une équipe qui se chargerait de ramener les deux corps. Je vous passe les détails, mais un an plus tard  l'expédition était sur les pentes de l'Everest et retrouvait les corps. Ils ont eu du mal à les extraire de la neige et la glace :


Les corps ont été trainés jusqu'au camp 2, où un hélicoptère les emmènera dans la vallée, puis en Inde : 
Avec des restes de ses vêtements, la famille d'un des grimpeurs a créé un petit mausolée en sa mémoire :
Et je vous garde le meilleur pour la fin : après tout ces efforts et tout cet argent dépensé pour ramener les corps, voilà ce qu'ils en ont fait : 



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Blague Ikeaesque

 Chacun son tour :

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