lundi 20 juillet 2020

Dali Atomicus

J'adore cette photo de Dali prise par le photographe américain Philippe Halsman à New York en 1948 :
“Dali Atomicus”, New York, 1948.
© Philippe Halsman / Magnum Photos.


Vue sur le site de Polka Magazine, l'histoire de cette photo :


“Un! Deux!” C’est le photographe qui compte, d’une voix ferme. “Trois!” Les chats s’envolent, l’eau jaillit. “Quatre!” Salvador Dali saute. Clic! Aussitôt, Philippe Halsman se précipite dans l’escalier pour gagner sa chambre noire et tirer la photo.
Pendant ce temps, dans le studio new-yorkais, tout se remet en place: on essuie le sol, on rattrape les chats, on les caresse. Dali élimine quelques gouttes d’eau, vérifie sa moustache et sa tenue, se concentre. Cette fois-ci, le bord de la chaise a caché le visage du peintre, une autre fois, ce sera l’eau, ou bien il a sauté trop tard, ou encore une assistante est entrée dans le cadre, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. On recommence.

Parvenir à l’image iconique va demander vingt-six prises de vue, avec l’aide de quatre personnes, trois pour lancer les chats, une pour l’eau, tandis qu’Yvonne, la femme du photographe, tient la chaise à bout de bras. Les objets sont suspendus à du fil invisible, les éclairages soigneusement réglés.

Irene Halsman, 9 ans, récupère les chats entre deux prises, les sèche à la serviette-éponge puis, à la fin de la séance, les récompense en leur offrant un festin de sardines (portugaises, les meilleures). “Mon père, commente-t-elle aujourd’hui, était très méticuleux, c’était un perfectionniste, capable de passer des heures – six ce jour-là – pour parvenir à saisir l’image qu’il avait en tête.” Et Philippe Halsman voudra encore insérer dans la photo, sur le chevalet, le dessin que Dali réalise en copiant deux des chats au-dessus d’un nu. Ce sera le seul trucage de cette image époustouflante, en cette année 1948 qui ne connaît encore ni Polaroid ni Photoshop. 

Le photographe a eu l’idée de cette scène en voyant “Leda Atomica”, la toile inachevée de son ami Salvador Dali alors en pleine période “atomique”, fasciné par l’idée que la matière est composée d’atomes en suspension. Gala, la femme de Dali, sur son trône flottant au-dessus du sol, évoque la légèreté et le mouvement perpétuel qui constituent toute chose. Il faut faire une photo de ce concept !

Dali pense à un canard que l’on ferait exploser devant l’objectif. Halsman préfère le lancer de chats dans un décor en apesanteur. Complicité intellectuelle, humour, inventivité, il a composé ainsi, de 1941 à 1978, une série de portraits de l’artiste espagnol qu’il suit et parfois précède sur les chemins du surréalisme.
Dans la préface d’“Etonnez-moi!”, l’ouvrage publié à l’occasion de l’exposition du même nom qu’il a présentée en compagnie d’Anne Lacoste à Lausanne puis à Paris, Sam Stourdzé parle des “mises en scène aux scénarios les plus improbables” de Philippe Halsman, salue sa formidable maîtrise technique et précise: “Le paroxysme fut atteint lors de sa collaboration avec Salvador Dali.
 Fantaisie et créativité s’illustrent encore dans la célèbre série de la “jumpology”: comme il l’a fait pour Dali, le photographe américain demande à ses modèles – stars et grands personnages – de sauter, grâce à quoi, explique-t-il, le masque tombe et “le vrai soi devient visible”.
Halsman excelle aussi dans des formes plus classiques. “Je fais, dit-il, beaucoup de portraits et je les prends très au sérieux. Avec vérité et sans artifice, je tâche de saisir l’essence même de mon sujet.” Cent une couvertures de “Life” en témoignent. Un record absolu.




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