PIERRE DOUTRE-ROUSSEL
LIEUTENANT AU 66ème REGIMENT D'INFANTERIE
Tué à la bataille de la Somme, le 15 octobre 1916, à l'â g e de 29 ans.
Chevalier de la Légion d’honneur, Croix de guerre (une citation à l’armée).
Gendre de M. JULES HAUTECŒUR
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Le deuxième jour de la mobilisation, le lieutenant Pierre Doutre-Roussel regagnait le 66e d'infanterie pour être envoyé comme chef de section en Lorraine.
Les communiqués, dans la deuxième semaine d'août, étaient
- qui ne se le rappelle ? - d'un laconisme tragique. Nous ne soupçonnions pas ce que cachait à la fois d'espérance et d'inquiétude, cette phrase du communiqué du 13 août : « A la suite de la contre-attaque allemande en Lorraine, nous nous sommes déterminés à tenir le Grand-Couronné de Nancy. » De la perte ou du maintien de cette position, le sort de l'armée en retraite n'allait-il pas dépendre ?Le génie du général de Castelnau a conservé à la défense cette indispensable charnière. Le lieutenantDoutre Roussel y faisait ses premières armes. Il avait le commandement d'une compagnie, il la menait au feu à Champenoux, dont la forêt fut appelée par les Allemands leur tombeau ; à Amance, il se couvrait de gloire, il était cité.
En 1916, il était envoyé dans le secteur de la Seille, où il prenait part à quelques combats d'avant-postes. Puis, il était relevé avec toute sa division pour aller à Verdun mettre en état de défense le terrain entre les forts de Moulainville et de Tavannes. Il y exécutait de rudes travaux. A la relève, et alors qu'il passait les consignes, il était blessé. Un mois d’hôpital à Bourges était suivi d’un mois de convalescence, et il était renvoyé à son dépôt, d’où il multipliait les demandes pour rejoindre les tranchées.
Il retrouvait son glorieux 66e à la ferme Navarin, fameuse dans l’histoire des batailles de Champagne. Là, il tombait malade et, après une convalescence de huit jours, retournait au front, avec son régiment dirigé sur la Somme.
Autre champ de bataille, où l’action était incessante. Point de jour sans combat, pour les troupes en liaison avec les Anglais. Notre offensive, à la fin de septembre, nous avait donné 36.000 prisonniers. C’était la guerre d’usure tout en détails et si chère. Nous progressions, mais il en coûtait !... Le 8, nous portions notre ligne au nord-est de Morval ; nous enlevions une ligne allemande à Belloy ; nous voulions Sailly-Sallisel. L’assaut était ordonné. Des tranchées bombardées, sautait le premier, comme il en avait l’habitude, le lieutenant Doutre-Roussel, pour entrainer sa compagnie. Il se heurtait à une contre-attaque ennemie ; il était gravement blessé et porté à l’ambulance divisionnaire. C’était le 14 octobre 1916, il mourrait le 15.
Le général commandant le corps d’armée décorait de la Légion d’honneur, à l’hôpital même, le brillant officier qui avait sa pleine connaissance, ne se doutant pas de la gravité de ses blessures, et qui était déjà l’objet d’une citation avec palmes :
« Officier d’une bravoure et d’un dévouement exemplaire : a été blessé très grièvement, le 14 octobre 1916, en maintenant sa compagnie sous un bombardement d’une extrême violence. »
Le héros du Grand-Couronné dînait, à Moscou, avec quelques français. On fit allusion aux trois fils qu’il avait donné à la Patrie. Il se leva : « Vous avez, dit-il, parlé de mes fils… » Il fit une pause, un silence plana. Il affermit son cœur et lança ce cri ! « Vivent nos fils ! »
