samedi 21 novembre 2020

Puisque les vaccins anti-Covid arrivent

 Vu sur le blog d'Axel Kahn, cet intéressant article :

Plusieurs vaccins contre la Covid-19 arrivent. Ils déchaînent déjà la polémique, la fureur et les cris. Mais de quoi parte-t-on, en fait. Ce billet est destiné aux personnes peu versées en sciences biologiques et immunologie. Afin qu’elle comprennent et  aient les moyens de se forger une opinions sur des bases solides.

 

La réponse immunitaire contre les éléments  étrangers, agents infectieux, greffes ou allergènes, est de deux types, humorale, relayée par les anticorps, ou cellulaire, due à des globules blancs spécialisés. Les substances provoquant cette réponse sont des antigènes, presque toujours des protéines ou bien des fragments de protéines. Les vaccins sont la forme préventive d’immunisation contre ces antigènes.

Il existe plusieurs types de vaccins :

  • Les agents infectieux inactivés (tués) ou bien atténués. Le vaccin antirabique (contre la rage) de Louis Pasteur, celui qu’a reçu le jeune Joseph Meister, était un vaccin atténué. Ce sont par conséquent les plus anciens et les plus classiques des vaccins. Les vaccins inactivés contre Sars-CoV-2, agent de la Covid-19, les plus avancés sont chinois, Sinopharm et Sinovac. Ils ont déjà été utilisés sur des centaines de milliers de personnes. Des campagnes de vaccination ont débuté au Maroc et aux Émirats arabes unis. La tolérance et l’efficacité semblent bonnes.
  • Les protéines recombinantes, c’est-à-dire produites par génie génétique. Le modèle est sont le vaccin contre l’hépatite B, qui utilise la protéine virales S du virus HBV, ou bien le vaccin Pasteur contre la grippe saisonnière. Contre la Covid-19, le futur vaccin Sanofi – Pasteur –Glaxo est de ce type, il est dirigé, comme tous les autres candidats – vaccins énoncés plus bas, contre la protéine de spicule S de SARS-CoV-2. Il ne sera pas disponible avant six mois à un an.
  • Les virus recombinants. La technique consiste à prendre un gène codant la protéine vaccinante (l’antigène) et de l’insérer dans un virus infectieux pour l’homme mais débarrassé de tous ses gènes pathogènes. L’adénovirus est le plus utilisé, responsable à l’état sauvage de rhumes saisonniers. Dans le cas des vaccins contre la Covid-19, différentes souches adénovirales se sont vues rajoutées le gène codant la protéine de spicule. Les vaccins concernés sont nombreux : Astra ZenecaJohnson and JohnsonSpoutnikCanSino Biological Inc, …Aucun vaccin de ce type n’a jamais été utilisé chez les humains. En revanche, la progression de la rage transmise par les renards a été stoppée en France en dispersant par voie aérienne des appâts imbibés d’adénovirus recombinant contenant dans son génome le gène de la glycoprotéine d’enveloppe du virus rabique.
  • Les virus ARN. Dans les cellules, les gènes sont recopiés (transcrits) en ARN messagers qui sont eux-mêmes traduits en protéines. Les vaccins ARN sont constitués de molécules d’ARN messagers de la protéine de spicule, synthétisées par un procédé chimique et intégrées à des micelles lipidiques. Aucun vaccin ARN n’a encore jamais été utilisé, ni chez l’homme ni chez l’animal. Les vaccins BioNtech – Pfizer et Moderna sont des vaccins ARN, ils seront les premiers à être proposés dès le début de l’année 2021 en France. Testés sur quelques dizaines de milliers de personnes, ils se sont révélés bien tolérés et efficaces à plus de 90%.

La protéine de spicule S de SARC-CoV-2 interagit avec le récepteur cellulaire ACE2 par laquelle le virus entre dans les cellules. L’immunité contre cette protéine S bloque cette interaction, elle empêche la pénétration du virus et le marque pour être détruit par le système immunitaire. Il est possible que, chez les sujets vaccinés, cette immunité sélectionne des mutants viraux lui résistant. Alors, des revaccinations annuelles, comme pour la grippe, seraient possibles. En ce sens, il est possible, mais pas encore démontré, que les vaccins inactivés stimulent une réponse immunitaire plus large que les autres.

Sur le plan de la sécurité, ce sont les vaccins constitués de virus recombinants qui apparaissent avoir provoqué le plus souvent des réactions, bénignes : réaction inflammatoire, petite fièvre. Un cas de symptômes plus sérieux a été noté avec le vaccin Astra Zeneca, une “myélite”, atteinte de la moelle épinière avec signe neurologiques réversibles. Elle a entrainé un arrêt provisoire des essais de phase 3. Il n’est pas établi que cette symptomatologie soir liée au vaccin.

À l’heure de la “médecine sur les preuves” seuls les essais de phase 3 suivis d’une pharmacovigilance après mis sur le marché répondront quant à la possibilité d’effets néfastes. Cependant, avec beaucoup de prudence, les vaccins inactivés, très classiques, sont à priori d’un bon niveau niveau de sécurité. Sur le plan théorique, je ne suis guère inquiet quant à l’innocuité des vaccins ARN. Je n’hésiterai pas à me faire vacciner dès que possible par les uns ou les autres. La même chose pour les protéine recombinantes. En ce qui concerne les vaccins vivants recombinants, il convient d’exiger une étude d’innocuité très poussée. Pour ma part, je ne me précipiterais pas.

Axel Kahn, samedi 21 novembre 2020



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